Patrick Beaunieux (Président du groupe AFPS Caen) qui a déjà accompagné en mars dernier trois femmes militantes de Nabi Saleh, dans leur tour de France, a organisé un camp d’été pour les enfants de ce village avec Benoît, présent dans ce village depuis 2009, après avoir été étudiant à Birzeit. Il présente d’abord le village, depuis toujours haut lieu de résistance en Cisjordanie.
Nabi Saleh fait partie des villages qui ont engagé une résistance populaire non armée, non pas ici contre la construction du mur mais contre la colonisation elle-même, manifestant chaque vendredi contre l’annexion des terres du village (dont la source) par la colonie proche. C’est un village d’environ 500 habitants, qui porte le nom du prophète Saleh, ici enterré. Il est situé à 25 km au NO de Ramallah et 15 km au NE de Bil’in.
Le comité de résistance, créé en décembre 2009 (entré dans la coordination en 2010) fonctionne en démocratie directe. Les femmes y occupent une place importante comme ont pu en témoigner Narimane, Bouchra et Manal Tamini dans leur tour de France.
C’est au terme de cette tournée qu’est venue l’idée de créer dès le mois d’août suivant un camp d’été pour les enfants du village. Ils sont, en effet, terriblement traumatisés par les incursions incessantes de l’armée d’occupation et les arrestations qui les frappent également : 80% des garçons de plus de 11 ans ont déjà été arrêtés au moins une fois et traités dans des conditions indignes et inhumaines. Avec l’objectif, à plus long terme de créer un centre social et de recréer un festival culturel national (qui a déjà existé). C’est là une des sollicitations politiques importantes du comité qui y voit un moyen de soutenir la politique d’unification du peuple palestinien.
Patrick a alors rencontré (virtuellement…) Benoît à cette fin. Une équipe d’animation composée de 5 Français, 3 Allemands et 8 Palestiniens a été constituée. Le camp s’est tenu du 14 au 25 août. Il a accueilli environ 70 enfants (à peu près la moitié des enfants du village) de 4 à 15 ans, chaque jour de 15h30 à 19h.
A leur retour en France, les membres français de cette équipe ont alors témoigné de leur expérience et de sa richesse en animant deux soirées organisées, l’une par le groupe AFPS de Caen, l’autre par celui de Paris-Centre.
Marie et Geoffroy nous ont présenté les différents ateliers : théâtre (surtout de mime à raison des problèmes de langue), cirque, musique (création d’instruments), danse (hip hop et danses palestiniennes) + un groupe pour les petits (les « small one »). L’après midi se déroulait en deux temps, d’abord une participation régulière à l’un de ces ateliers dans le but de créer une cohérence et ensuite une rotation entre les différents groupes. Le point d’orgue du camp a été la présentation d’un spectacle à partir du travail des différents ateliers.
Marine a présenté les autres activités du camp, un grand jeu au milieu du séjour et le spectacle collectif sur le thème du voyage (dans le monde entier…) ainsi qu’une journée « piscine » à la fin du séjour.
Thomas nous a fait part du véritable échange qui avait existé entre eux et les villageois, vivant en immersion dans les familles, gardant le contact avec les enfants après les activités, ceux-ci en redemandant ensuite et les retrouvant dans les différentes maisons d’accueil. Il n’a pas trouvé de tabous dans les échanges. Ils ont participé aux manifestations du vendredi.
Ils nous ont projeté une vidéo très sympathique filmée pendant ce camp. En exergue, un remerciement à tous ceux qui « dessinent un sourire sur le visage des enfants palestiniens ».
La volonté était donc de montrer aux enfants que la vie peut être belle et non seulement faite d’arrestations, d’occupation et de mort, afin qu’ils croient en un avenir meilleur.
De nouvelles étapes sont prévues dans cette coopération : la prochaine sera d’aider à la reconstitution du festival culturel : deux artistes, Nathalie et Lucile ont déjà commencé à y travailler. Il y a un projet d’échange théâtral avec Al Rowwad – aussi avec des théâtres français. Le groupe AFPS de Nantes doit y aller pour la fête de la musique au 21 juin prochain. Il est prévu aussi d’accueillir des enfants du village en France l’été prochain. Ainsi le groupe normand se propose d’accueillir une dizaine d’enfants en août 2014 (de préférence dans une formule collective). Le groupe de Nîmes pense inviter le club de foot (du village !) pour un tournoi. Enfin, l’implantation d’un centre social est envisagée. Celui-ci toucherait environ 20 000 personnes alentour.
En conclusion, Patrick insiste sur le fait que l’animation d’un camp d’été relève de la compétence de tous les groupes locaux et que c’est là une activité qu’ils peuvent tous développer, avec l’intérêt d’y impliquer des jeunes…